L'ancienne Demeure

Ceganion était assis sur son trône en or dans une grande salle. Il commençait à être tanné d'uniquement s'entraîner et rester seul tous les jours. Les heures semblaient être des journées. Il se leva de sa chaise et commença lentement à marcher dans le couloir. Il regardait tout autour de lui les vestiges du passé comme des statues en or de ses ancêtres. Il voyait aussi beaucoup d'armes et de tableaux accrochés aux murs. Il arriva finalement à l'escalier.

Il se mit à le descendre lentement aussi. Les rayons du soleil l'éblouissaient en passant par une fenêtre plus haute. Les rayons scintillaient aussi sur tout se qui avait un reflet lumineux. Rendu en-bas, il se dirigea vers l'arrière du château. Les armures scintillaient tout le long du couloir. Finalement, il arriva dans une partie sombre du château. Il rentra dans une grande pièce éclairée par des chandelles. À l'intérieur, il y avait une énorme statue de la déesse de terre. Il s'agenouilla sur un tapis de velour bleu.

-Puis-tu déesse faire en sorte que ma vie soit moins solitaire. Je vis seul depuis quelques années se qui commence à me déranger. C'est une situation qui est insuportable plus le temps avance.

Il ferma les yeux et se concentra. Il espérait que la déesse lui donnerait une réponse ou encore viendrait en personne. Sa solitude commençait à le déranger lui qui était un être habituellement patient.

Il ne savait pas comment mais il sut que la déesse elle-même était quelque part dans Wilwarin. Il éprouvait un certain enthousiasme parce qu'il pourait aller la voir. Il ouvrit les yeux et se leva . Ensuite, il s'assura que sa demeure soit protégé et il sortit de sa demeure. Il était assez content parce qu'il allait enfin pouvoir parler à quelqu'un et en plus cette personne était la déesse de la terre. Il ferma la grande porte de sa demeure. Il fit un mouvement avec sa main. Au même moment un bruit se fit entendre. Finalement il partit pour l'endroit où était la déesse.

(suite au rocher de l'amour)

Ceganion apparut dans le grand hall de son château. Il avait l'air désolé et complèment désespéré. Il regardait la statue de son père qui était dans le hall. Il regrettait le jour où il était mort.

-Père, je ne suis plus capable de gérer sans vous. Tout était si simple quand tu étais encore là. Je n'avais qu'à décider de peu de choses comparé à aujourd'hui. En plus, je suis rendu seul tout le monde m'a abandonné.

Il frappa le bas de la statue avec sa main. Il prit une grande respiration et se laissa doucement tomber à genous sur le sol.

-Je voudrais tellement qu'il y ait quelqu'un avec moi au lieu d'être seul.

Il sendormit lentement à genous à côté sur une statue. Dans ses rêves, il vit que le roi de Ghiaccia était en train de mourir. Il se réveilla en sursaut par la suite. Ce qu'il venait de voir était bel et bien la réalité. Il disparut tout à coup pour la plaine.

(suite à la plaine)

Ceganion apparut dans sa demeure avec un air triste. Il tenait le corps de son ami Covost dans ses bras. Il commença à marcher lentement dans le couloir avec une démarche cinique. Il se rendit au bout du couloir sombre et tourna dans son petit sanctuaire consacré à la déesse. Il déposa le corps de Covost devant la statue de la déesse. Il s'agenouilla par la suite.

-Déesse, je fais appelle à vous en ces temps tristes. L'un de vos adorateurs, Covost Kell, le roi de Ghiaccia est mort aujourd'hui. Je fais appel à vous pour que vous le rameniez parmi nous.

Il se leva par la suite en regardant le corp meurtri de Covost. Il sortit de la salle toujours d'une démarche cinique. Lorsqu'il passa dans le cadre de porte le sang sur son armure avait disparut. Il avait besoin de se changer les idées. Il sortit de sa demeure lentement. Ceganion fit un signe qui verrouilla la porte et il partit pour le rocher de l'amour.

(suite au rocher de l'amour)

Arrivé devant la porte, il fit un signe bizarre avec sa main et s'arrangea pour que Zofia ne le voit pas. Un déclic se fit entendre et ils rentrèrent dans la grande demeure. Comme à l'habitude, il y avait des chandelles qui éclairaient partout. La lumière se projetais sur les grandes statues en métal brillant qu'il y avait dans le grand hall. Ceganion referma la porte par la suite et refit un signe bizarre en s'arrangeant pour que Zofia ne le voit pas. De nouveau, on entendit un déclic.

-Bienvenue dans ma demeure. Si vous voulez aller vous sécher ou dormir ou manger, je vais vous conduire aux endroits appropriés.

Ceganion regarda le visage trempé de Zofia en attendant une réponse.

(lol tu écris vite... )

Alors qu'ils parvenaient à la porte d'un imposant château , Zofia prit le temps d'observer les alentours. On devinait, à la façon dont le palais montrait encore de jolis atours, comme il avait été bien entretenu. Trop discrète pour poser une question à voix haute, la demoiselle se demanda cependant comment il était possible de garder un pareil bâtiment en aussi bon état... celà devait neccessiter des dizaines d'ouvriers continuels... Sans mot dire, elle entra dès que son hôte eut ouvert la porte, fuyant l'averse qui lui faisait à présent horreur.

Pénétrant dans le château, elle tournait la tête de droite à gauche, laissant ses yeux glisser sur les murs couverts de délicieuses tentures. Aucune trace de serviteurs, de chevaliers...

"Vous...vous vivez tout seul ici?"

Son interrogation, prononcée d'une voix douce, ne reflétait ni mépris ni curiosité mal placée. Simplement un brin d'étonnement et de compassion. Seule depuis plusieurs années, Zofia avait connu le désespoir de la solitude, et savait ce que signifiait avoir des ennuis et ne devoir s'en remettre qu'à soi-même. La perspective d'être l'unique habitante d'un lieu aussi immense, comparé à la chaumière douillette où elle avait passé son enfance fit courir un frisson le long de son échine.

Ecoutant Ceganion, Zofia eut un pâle sourire. Elle aurait de loin préféré avoir quelque chose à grignoter avant d'aller dormir car elle ne s'était rien mis sous la dent depuis la veille au soir.... En effet, difficile de trouver de la nourriture sans argent, et encore moins sur un champs de bataille.

"Oui... s'il vous plaît... serait-il possible de manger quelque chose?..."

Songeant qu'elle n'avait pas de vêtements de rechange, elle s'abstint de dire quoi que ce soit. Après tout, qu'aurait à lui prêter l'homme à part des vêtements dix fois trop grands pour elle? Et elle ne voulait accepter de lui que ce qu'il se disposait à lui octroyer... Autant se laisser guider jusqu'à sa chambre ou la salle à manger, ou elle ne savait quoi, oublier ses vêtements mouillés, faire un brin de toilette et se jeter telle quelle sur son lit.

*Ca fait longtemps que je n'ai pas piqué un somme sur un véritable matelas...*

Cette pensée la fit éclater d'un rire cristallin, qui se répercuta en échos dans les pièces vides. Elle se tut aussitôt, craignant que son hôte ne se fâche en pensant qu'elle se moquait de lui ou de sa maison:

"Pardonnez moi... des souvenirs..."

Sans ajouter mot, elle se prépara à suivre son interlocuteur dans le dédale de couloirs qui couraient dans le palais, sans rien laisser paraître de ses pensées quand à l'endroit où il habitait, aparemment solitaire.

(Mon château est pas vieux et délabré. C'est un endroit magique. )

Ceganion commença lentement à marcher vers l'escalier en s'assurant que Zofia le suivait. Il commença lentement à monter l'escalier en regardant les statues dans le hall. Ceganion, comme d'habitude se posait des questions sur qui avait vécu ici avant lui et avait fait de cet endroit un endroit plein de vestiges architecturaux. Lorsqu'ils arrivèrent en haut, ils passèrent un cadre sans porte et tout un coup ils n'étaient plus mouillés. Il se tourna pour voir comment Zofia réagirait à ceci. Lui était habitué à toutes ces choses bizzares du passé. Ils rentrèrent ensuite dans une énorme salle à manger.

-Si vous voulez bien vous donner la peine de vous assoir. Demandez ce que vous voulez et vous l'aurez.

Il s'assit lentement sur une chaise autour de la table par la suite. Un plateau de légume apparut tout d'un coup devant lui. Il prit une carotte et la mangea lentement.

(C'est corrigé, excuse-moi)

Zofia se sentait tellement fatiguée et affamée qu'elle ne profitait qu'à peine des sculptures, tentures, objets d'arts et décorations diverses. En temps normal, elle se serait très certainement émerveillée, car la jeune fille possédait une âme d'artiste, et par conséquent montrait une grande sensibilité au "beau", sous toutes ses formes. Cependant, l'adolescente devait bien reconnaître qu'elle ne se trouvait pas au meilleur de sa forme.

L'invitée suivait de près Ceganion, de peur de se perdre dans ce labyrinthe de couloirs (même dans la demeure du souverain chez qui elle avait servi de garde du corps, il n'existait pas autant de coins et de portes...).

Montant un escalier, la jeune fille faillit trébucher sur les marches de pierres.

*Oulà! Allez Zofy, encore un effort. Relève la tête, droite, gauche, droite gauche!*

Enfin, le roi et son invitée improvisée parvinrent dans une grande salle à manger, passant par une bien étrange porte... ou un objet faisant office d'entrée. La ménestrelle le regarda avec curiosité quelques instants, car elle éprouvait une passion pour tout ce qui avait trait au surnaturel. Puis, suivant l'injonction de Caganion, elle prit une chaise et s'assit.

"Merci..."

Se rendant compte que son hôte n'avait pas répondu à sa question, la jeune brune s'abstint de la reposer, ne voulant aucunement le blesser alors qu'il se montrait généreux et aimable envers elle.

Quel ne fut pas son embarras malgré tout quand l'homme en armure lui expliqua qu'elle devait demander quelque chose. Curieuse de voir le phénomène magique qui allait sans doute se produire, car nulle part il n'existait trace de cuisinier, elle chercha dans sa mémoire un plat qu'elle aurait voulu manger... Penaude, elle baissa la tête, avant d'expliquer timidement:

"Si vous pouviez demander pour moi... s'il vous plaît...C'est que depuis trois ans, je ne mange que des quignons de pain, quelques fruits quand j'ai la fortune d'en trouver, et quasiment jamais de viande... Et avant, je n'ai jamais goûté que de la soupe et du ragoût... De plus, en général je ne connais même pas le nom de ce que je mange, je serais donc bien en peine de demander quoi que ce soit..."

Rougissant de son ignorance, Zofia se râcla la gorge, car sa voix s'enrouait à force de gêne. Elle n'osait plus fixer son regard sur Ceganion, et se contenta de contempler ses mains aux ongles coupés très courts et évidemment dépourvus de vernis...

Remarquant qu'elle avait l'air gênée, il se dit qu'elle ne vivait sûrement pas comme lui vivait. Tout à coup, une foule de plats quels qu'ils soient apparut sur la longue table. Il se souvint par la suite qu'il n'avait pas répondu à la question qu'elle lui avait posé quand ils étaient rentrés il y a un moment. Il réfléchit à ce qu'il pourait lui dire pendant un certain temps. En fait, il ne savait pas pourquoi il réfléchissait autant sur ce sujet vu qu'il vivait seul depuis longtemps.

-Voilà plein de plats différents. Bon appétit. Pour répondre à votre qestion, Oui.... je vis seul depuis quand même un certain temps. Depuis une certain époque. Il y a un autre château en plein coeur de la capitale mais je préfère être ici. Parce que même s'il y a beaucoup de monde je crois que je serais aussi seul.

Les yeux de Zofia faillirent jaillir hors de sa jolie tête brune lorsque la multitude de plats apparut devant elle. Réfrénant une soudaine envie de se jeter sur la nourriture (elle n'en avait jamais vu autant de toute sa courte vie), elle adressa un sourire plein de reconnaissance et de sympathie à Ceganion.

"Merci beaucoup, vous avez vraiment un château... peu commun! Possède-t-il d'autres particularités de ce genre?"

Repérant une vasque pleine à raz-bord de fruits de toutes sortes, elle en attrapa cinq, pomme, poire, orange, banane et abricot (non, ce n'est pas la recette d'un cocktail multivitaminé! )et, par jeu autant que pour distraire son hôte et tester son habileté, la jeune fille, très concentrée, se mit à jongler. Les aliments volaient au-dessus d'elle, retombant en une courbe tout à fait calculée avant de repasser de main en main et de reprendre leur course vers le haut. Après cinq minutes passées ainsi, à changer constamment de figures et d'enchaînements, la petite rattrapa un à un les fruits, les reposa dans le plat, sauf une pomme qu'elle entreprit d'engloutir, avant de s'attaquer, n'oubliant cependant pas la règle de bienséance qui voulait qu'on ne sautât point sur la nourriture, à un petit pâté en croûte.

Ecoutant l'explication de Ceganion, Zofia, après réflexion, osa poser d'autres questions:

"Pourtant, vous êtes roi, vous devez être aimé de votre peuple... Et par conséquent, je ne vois pas pourquoi en ville, vous vous sentiriez seul... Etes vous si différent des autres? La solitude est pourtant un fardeau, au bout d'un moment... Selon ma propre expérience en tout cas..."

Elle s'interrompit brusquement, se rendant compte que ses paroles pouvaient être agaçantes, voire blessantes pour l'homme qui l'avait si gentiement conviée chez lui. L'adolescente savait parfaitement, pour l'avoir souvent vécu, que voir quelqu'un fouiller dans son propre passé était une épreuve plutôt douloureuse pour qui avait des événements à oublier, à enfouir au plus profond de sa mémoire et à ne plus jamais déterrer. N'osant plus ajouter mot, de peur de froisser le monarque, elle termina en vitesse de manger. La faim qui l'avait rongée en permanence depuis qu'elle avait quitté son village en cendres ainsi que le peu de qualité et l'irrégularité des repas l'avaient contrainte en permanence à se contenter de peu, aussi ne toucha-t-elle qu'à peine aux plats présents sur la longue table de banquet.

*Ne t'habitue surtout pas à ce genre de nourriture, Zofia... tu ne vas certainement pas en déguster très souvent...*

Ceganion rit lorsqu'elle jongla avec les fruits. Il n'avait pas ri depuis un certain temps déjà. Étant toujours seul, la seule chose dont on peut rire est de soi même. Il sourit un moment à cette pensé. Il prit un céleri et le mangea doucement en écoutant ce que celle-ci disait au même moment. Il réfléchit à ce qu'il pouvait lui répondre. Il remarqua qu'elle craignait que celui-ci réagisse mal mais il n'en fut rien. Il prit un autre légume et le mangea doucement aussi avant de répondre finalement.

-Les vrais grands amis que j'ai eu sont morts dans une grande guerre. Au château, je me ferais constamment arceler par l'intendant et des conseillers. Toujours en train de s'inquiéter pour rien et de poser des questions inutiles. Je côtois les habitants du royaume quand il m'arrive d'aller dans les villes ce qui n'est pas rare. Même avec tous ces gens, il me respectent seulement parce que je suis le roi et quelqu'un de droit. Certains m'idolâtrent mais ce que je voudrais ces quelqu'un qui serait toujours avec moi quelqu'un de plus intime. J'apprécie tout de même mon peuple mais le château lui je n'aime pas m'y rendre à cause de tous ces gens qui me derangent constamment.

(si tu trouve que j'extrapole un peu trop, n'hésite pas, j'éditerais)

Entendant l'éclat de rire de Ceganion, Zofia faillit en lâcher ses projectiles. Elle ne s'imaginait pas qu'un homme aussi distant et solitaire puisse rire de la sorte. Néanmoins, ravie de l'amuser un peu, elle continua ses singeries, prenant des poses de plus en plus comiques à mesure qu'elle envoyait les fruits en l'air...

La jeune fille hocha la tête pour acquiescer aux paroles de son hôte. Présentées de cette manière-là, les choses paraissaient déja plus compréhensible. Elle ne pouvait malgré tout s'empêcher d'éprouver de la compassion pour le roi, qui préférait vivre dans un château retranché du monde plutôt que d'aller vers son peuple... Ne disant rien cependant, de ses pensées, l'adolescente se leva, et lentement, se dirigea au bout de la pièce, où un grand feu brûlait dans une immense cheminée, projetant une lumière dorée aux alentours, qui sublimait joliement les détails de la grande salle pleine de trésors. Maintenant qu'elle se trouvait rassasiée, la petite fille pouvait y prêter d'avantage attention. Admirant les bibelots disposés sur le manteau sculpté de l'âtre, elle devait, comme une enfant, se retenir pour ne pas toucher. Une pièce attira son attention. Il s'agissait d'un stylet, pareil à celui dont elle sentait présentement le fil froid contre la cheville, mais en beaucoup moins sobre. Son regard se perdit un moment dans les motifs et autres arabesques de la lame damasquinée, avant de remonter vers le manche de l'objet (c'était tellement beau et réussi qu'elle ne parvenait pas à employer le mot "arme"). Celui-ci, couvert d'une mince pellicule d'or, dans lequel s'incrustaient de magnifiques gemmes dessinant le symbole de Wilwarin, pouvait être considéré comme une oeuvre d'art à part entière.

Délicatement, presque cérémonieusement, Zofia prit le fin couteau entre ses mains, le manipulant avec précaution, pas tant à cause d'une peur de se couper, car elle avait pris l'habitude d'avoir en main des armes, mais parce qu'elle ressentait, bêtement d'ailleurs, une vive angoisse à l'idée d'abîmer une telle oeuvre d'art, aussi bien du point de vue de la décoration que de la manière dont le stylet avait été forgé. Laissant à regret son regard vagabonder ailleurs que sur la lame aux reflets réchauffés par les flammes, la petite eut vite fait le tour de la pièce, et retourna auprès du roi de Wilwarin:

"Vous possédez véritablement une demeure magnifique. Je comprends un peu mieux pourquoi vous préférez y demeurer..."

Jetant un dernier regard au stylet sur la cheminée, la jeune fille se rassit à sa place, attendant sans impatience, malgré le sommeil qui commençait à la gagner, que Ceganion eût fini son repas.

Un silence s'installa. La petite en profita:

"Merci encore pour ce que vous faites pour moi... Je n'ai pas d'argent ni aucune possession pour vous dédommager... Je ne suis qu'une petite paysanne devenue fille des rues... Mais si je peux faire quoi que ce soit..."

Son regard se promenant à nouveau sur le mur, elle repéra un objet qu'étrangement, elle n'avait pas remarqué auparavant. Décrochant avec un respect proche de l'admiration le violon et l'archet soigneusement accroché au mur, elle les examina un instant, avant de demander d'une voix fluette mais pleine d'envie au propriétaire des lieux:

"Je peux...?"

Ceganion regarda la jeune fille prendre le violon sans s'inquiéter de quoi que ce soit. Il était sûr que même si quelque chose devait arriver au violon, celui-ci reviendrait comme si de rien n'était en bon état à sa place d'origine. Il examina le violon qui lui rappelait des souvenirs des grandes fêtes qui étaient souvent organisées un peu partout dans le royaume et surtout dans le grand palais au milieu de la ville principale de l'empire qu'il contrôlait.

-Oui, je n'ai jamais trouvé aucune utilité à tous ces objets accrochés aux murs. Je te le donne si tu veux.

La jeune fille piqua un fard en entendant la réplique de Ceganion, qui apparemment se méprenait sur ses intentions:

"Non... non ce n'est pas... ce que je pensait c'était... enfin ce que douvais vire... ce que je voulais dire, pardon... enfin... non!"

Reprenant son souffle, tentant en même temps de faire refluer la rougeur qui lui montait aux joues, s'étalant en jolies pivoines sur les rondeurs encore enfantines de son visage, la brune reprit d'un ton plus calme:

"Ce n'est pas ce que je voulais dire... Merci beaucoup, c'est très gentil de votre part, mais il se trouve que je possède un violon, certes de moindre qualité, mais qui m'a été offert par mon père... Il s'agit du seul héritage que j'ai obtenu de lui, en réalité... Je désirais donc simplement vous demander l'autorisation de jouer un peu de musique... Ce ne serait qu'un maigre dédomagement pour tout ce que vous faites pour moi, mais si celà peut vous distraire..."

Tout en parlant, afin d'oublier sa gêne, la jeune fille avait déja retendu, par des gestes rapides et précis d'habituée respectueuse de l'instrument, les crins de l'archet. Ceux-ci n'étaient pas du tout usés, et ne semblaient pas avoir souffert de leur séjour sur le mur de Ceganion.

*Ce château est véritablement magique... Il s'entretient de lui même... Il faut convenir que le résultat est somme toute superbe!*

Le silence s'instaura dans la pièce, seulement dérangé par le crissement des cordes se transformant sous les doigts de Zofia en notes mélodieuses, à mesure que la jeune ménestrelle accordait ce qui lui servait habituellement d'outil de travail.

*On ne doit pas avoir beaucoup joué avec... Il ne faut donc pas s'attendre à ce que le son soit mirifique, puisqu'il ne se forme généralement que dans les dernières années de vie du bois... Je n'en sortirais pas des miracles, mais au moins quelques jolies choses...*

La ménestrelle éprouva une réelle sensation de bien-être et de sérénité lorsqu'elle sentit le cal en cuir de l'instrument contre son menton. S'échauffant les doigts par quelques mouvements rapides, elle rejeta en arrière les mèches rebelles de sa coiffure à la Gavroche, avant de poser en douceur l'archet sur les cordes, guettant d'un regard timide un ultime geste de désaprobation de la part de son hôte.

Une mélodie légère et plaisante s'éleva dans la grande salle, dont l'accoustique irréprochable ravissait la violoniste. La musique évoquait merveilleusement les plaines et la brise douce de Wilwarin, l'éveil des fleurs du printemps éternel... Malgré le son un peu "jeune" de son instrument, la jeune virtuose parvenait à en faire plus ou moins ce qu'elle désirait, le maniant avec une vivacité et une habileté hors-pair, malgré son intense fatigue. Tout en jouant, elle se demanda combien de trouvères avaient déjà joué dans cette pièce lors des grandes receptions qui avaient dû y être organisées... Perdues dans ses pensées, laissant libre court à son jeune talent qui ne demandait qu'à s'exprimer, la brunette ne pouvait néanmoins s'empêcher de surveiller du coin de ses yeux bleus les réactions de son compagnon, afin de savoir si sa musique lui convenait.

Ceganion sourit lorsqu'elle se mit à jouer du violon. Il n'avait jamais détesté la musique parce que celle-ci le calmait. Il regardait avec attention la jeune fille jouer du violon. Il regarda ensuite les mouvements que celle-ci accomplissait sur son violon. Lui avait toujours apprécié d'écouter mais jouer n'était pas son domaine. Lui, son domaine, c'était le domaine de la guerre et du combat. Il avait passé de longues années à ne faire que ça. Il y avait d'autres domaines où il était bon mais le seul domaine d'art qu'il avait appris était l'art du combat.

-Vous êtes très bonne. Qui vous appris à jouer de cet instrument?

La musique s'arrêta sur une charmante glissade, parfaitement exécutée, sans trop de précipitation mais pas assez lentement pour paraître maladroite. Plutôt satisfaite d'elle même, Zofia attendit avec impatience l'appréciation de son auditeur. Celui-ci ne tarda pas à se manifester, et son avis fit rougir de plaisir la ménestrelle.

"Merci... C'est très aimable à vous..."

Modestement, elle ajouta:

"Il faut dire que ce violon est d'excellente qualité, bien qu'encore pas tout à fait rôdé... En le confiant à un bon musicien, il ferait des merveilles!"

La teinte de ses joues sembla cependant s'évaporer devant la question de Ceganion. Le visage de l'adolescente se ferma, ses poings se crispèrent presque violemment sur le manche et l'archet de l'instrument. En l'espace d'une seconde, elle semblait avoir perdu tout le dynamisme et la jeunesse qu'elle avait laissé transparaître dans ses notes de musique. La sérénité prise dans le travail bien fait s'évapora, et on ne retrouva plus qu'une Zofia pâle, tendue, essayant de se maîtriser pour ne pas pleurer. Posant avec soin le violon sur la table, la petite soupira. Après un instant de bonheur, voilà qu'une simple phrase était capable de la faire retomber dans sa mélancolie habituelle. Lentement, elle releva la tête vers son hôte, et fixa son beau regard bleu de ciel, davantage éclairci par les larmes qui s'y pressaient alors qu'elle parvenait presque à les retenir, dans les yeux de l'homme assis en face d'elle. Avalant sa salive avec difficulté, elle murmura d'une voix éteinte:

" Mon père m'a appris les bases... c'était un musicien de talent... et puis lorsque j'ai commencé à errer sur le continent du feu, un vieux violoniste m'a recueillie. Il m'a aidé à me perfectionner, et m'a appris l'escrime et le tir à l'arc..."

Sa voix, pourtant bien maîtrisée au départ, bien qu'ondulant dangereusement, se brisa soudain lorsqu'elle termina:

"Et maintenant... ils... ils sont morts... tous les deux..."

Deux larmes roulèrent sur ses joues, traçant des sillons humides jusqu'aux comissures de ses lèvres. En sentant leur goût salé sur sa langue, la jeune fille redoubla de pleurs, bien qu'elle se soit promis de rester calme. Son premier geste fut de se lever et de s'enfuir, car elle avait horreur qu'on la surprenne à pleurer, mais elle se souvint à temps qu'elle ne connaissait pas du tout le château, et renonça à son projet.

En désespoir de cause, elle cacha son visage dans ses mains si habiles au violon, mais qui constituaient à présent son dernier rempart contre le regard de Ceganion, dont elle ne voulait pas connaître la réaction, tant elle se sentait honteuse de se livrer à une telle scène à sa table...

(pardon, pas pu m'empêcher... après tout la scène se déroule sur un fond de violon...)

Ceganion regarda Zofia d'un air désolé. Il se doutais que si elle vivait ainsi, ses parent étaient surement mort et il en avait eu la confirmation. Il s'approcha dousement en la regardant pleurer. Il s'agenouilla devant Zofia en cherchant quoi lui dire. Ceganion avait connu de même mais pas aussi jeune. Elle était quelqu'un de forte pour rester en vie dans toute se monde à cette âge. En plus que même si les parents de Ceganion était mort, il ne vivait pas dans les même condissions.

-Je suis désoler. Je ne savais pas tout sa. Pardonnez-moi je vous prit.

Sentant la présence de Ceganion auprès d'elle, et s'attendant à recevoir des reproches ou une remarque narquoise, la jeune fille ne releva pas la tête. Ce ne fut que lorsque la voix douce de son hôte s'éleva dans la grande salle qu'elle eut un soupir de soulagement. Apparemment, il ne lui en voulait pas de s'être laissée de la sorte submerger par ses émotions. Décollant ses mains de son visage trempé de larmes, elle leva vers lui sa tête ébourrifée d'enfant triste. Ses lèvres tremblaient sous l'effet du chagrin et sa peau avait perdu plusieurs nuances:

"Non, c'est moi qui m'excuse...Je n'aurais jamais dû me mettre dans un état pareil..."

Sa voix, décidée et de nouveau ferme, tranchait avec son visage en pleurs. Il fallait à Zofia toute sa détermination pour ne pas se remettre à sangloter. D'un geste presque rageur, elle essuya son visage humide. Regardant au loin, devant elle, elle se mit à murmurer, d'une voix plus calme, radoucie, presque adulte:

"En réalité, je viens du continent du feu... je ne suis arrivée que très récemment ici... Comme je vous l'ai déja dit, mes parents étaient des paysans de Glingal...Un jour, j'avais treize ans, je revenais d'une promenade en forêt... oh, c'était affreux... toutes ces cendres... tous ces corps brûlés... j'en garderais le souvenir toute ma vie, je pense... en tout cas, imaginez l'impact que celà à pu avoir sur une enfant de treize printemps...Je me suis enfuie sans me retourner... j'ai longtemps erré sur le continent du feu... j'ai rencontré le vieux violoniste, qui a été pour moi un père d'adoption...quand il est mort, j'ai voulu absolument quitter cet endroit où j'avais vu trop de décès. Je suis arrivée ici. Celà fait trois ans à présent que j'ai vu mon village en ruines... je me suis débrouillée comme je pouvais... Mon talent en violon s'est révélé rapidement utile. De temps à autre, j'ai réussi à me faire engager comme garde du corps auprès d'un noble ou d'une princesse, mais je n'ai jamais pu me fixer très longtemps... "

C'était la première fois que la petite fille se livrait ainsi. En fait, la présence de Ceganion la rassurait. Cependant, elle s'abstint de parler de son frère disparu. Elle n'avait pas perdu l'espoir de le retrouver, mais pour l'instant sa quête s'était perdue dans une foule de pensées sur l'instant. S'abriter, trouver à manger, gagner de l'argent, trouver une pension pour Aewos, se battre... Elle avait donc relégué ses recherches au fond de son esprit, pour se laisser le temps de maintenir l'équilibe précaire de sa survie.

Elle releva les yeux vers Ceganion, n'attendant de lui ni pitié, ni compassion, ni quoi que ce soit de ce genre. La ménestrelle s'était simplement confiée à un être dans lequel, au vu de ce qu'il avait fait pour elle, elle pouvait avoir confiance.

Ceganion regarda la jeune fille dans les yeux pendant un instant. Il se demandait pourquoi les gens voulaient toujours autant mettre la faute sur lui. C'est sûr que pour Ceganion, c'était différent parce qu'il était roi et tout le monde s'excusait à lui-même quand la faute n'était pas vraiment à eux. Il se rendait compte qu'elle vivait une vie assez dure et que rien n'avait l'air facile pour elle. Celle-ci avait au moins l'art qu'elle devait quand même apprécier à un certain point.

-Ma vie moi à débuté agréablement jusqu'à ce que je devienne Roi ou tout est devenu chaos, guerre et génocide. Mon père avait commencé une guerre qui avec le temps à empiré. J'ai essayé de mettre un terme à cette guerre mais ça n'a fait qu'empiré. Ma vie est plus paisible a présent que tout est fini.

En prêtant l'oreille à Ceganion, alors que celui-ci lui confiait sa propre histoire, la ménestrelle ne put s'empêcher de soupirer. La guerre, toujours la guerre!!! Quand aurait-elle donc fini d'entendre parler de batailles, ou d'y participer? Vraisemblablement jamais. De nature plutôt pessimiste, la petite ne pouvait se garder de penser qu'il faudrait toujours que des gens se fassent tuer pour rien afin que le monde continue à tourner... A quoi servaient donc les déesses, à part pousser les gens à s'entretuer et exaucer quelques voeux dérisoires? Quelle était la fonction des déesses du bien, si tous leurs sujets versaient leur sang dans un combat inutile, ou perdaient leurs proches partis se battre... Que faisait la notion de bien dans un royaume où les dieux poussaient leurs ouailles à devenir des meurtriers?

Poussant un second soupir, de lassitude cette fois, la petite murmura, avec un pauvre sourire fatigué:

"Apparemment, tous les habitants de ce monde ont été touchés par quelque malheur... Enfin, chacun son fardeau... Et le mien pour l'instant pèse trop lourd pour que je puisse faire autre chose que dormir... Pourriez-vous, s'il vous plaît, me conduire à un endroit où me reposer?"

*oui, une bonne nuit de repos et tu repartiras... Sur les routes, comme toujours, comme la vagabonde que tu es devenue...Il faut aller récupérer Aewos, et trouver des nouvelles de Meykan... Peut-être est-il encore sur ce continent... Ou bien peut-être est-il... non Fy! Ne pense pas à ça... Va dormir... Tu ne changeras pas le monde à toi toute seule, petite fille, essaie déja de rester en vie, ce ne sera pas si mal, et pour celà, une bonne et longue nuit de sommeil te fera le plus grand bien...*


Renonçant à la révolte qui l'envahissait quelques instants plus tôt, la brunette ravala sa colère contre le monde entier. En attendant que Ceganion lui montre sa chambre, et ne pouvant plus tenir sa tête sur ses épaules, elle cala une main contre sa joue, et ferma les yeux pendant quelques instants.

*Juste le temps de te reposer un peu la vue... Cette pièce est bien trop lumineuse*

Quelques minutes plus tard, sa respiration s'était apaisée, et Zofia dormait, la tête posée sur son bras, lui même appuyé sur la longue table, dans la salle à manger. Sa bouche de bébé boudeur s'étirait en un doux et charmant sourire . Une mèche lui retombait dans les yeux, lui chatouillant le nez à chacun de ses souffles. D'un geste pataud de la main, elle la chassa, avant de replonger dans ses songes, vaincue par l'épuisement...

Ceganion se releva lentement pour ne pas la réveiller. Il eut un sourire en la regardant un instant. Il ferma le poing et la jeune fille disparut. Celle-ci réapparut dans un lit d'une des chambres du château. Ceganion ensuite, se dirigea vers son salon personnel. Un feu était allumé dans le foyer et il s'assit sur une chaise. Il n'était pas capable de dormir. Des souvenirs horribles lui revenaient tout le temps dans ses rêves. Des gens qui souffraient et mouraient, tout ce qu'il y a de pire. Il prit un livre par la suite et se mit à le lire tranquillement.

Le lendemain matin

Zofia avait été réveillée de la manière la plus simple et la plus plaisante qui soit: par le chant des oiseaux, comme presque tous les jours. Seulement, quelle ne fut pas sa surprise en se découvrant allongée tout habillée sur un grand lit garni de moelleux coussins. Fouillant dans ses souvenirs, elle parvint à reconstituer, avec plus où moins de difficultés car elle peinait encore à croire qu'il s'agissait de la réalité, la soirée de la veille.

Se levant un peu trop brusquement, elle gémit de douleur. Tout son corps n'était plus que courbatures et contusions. Exécutant rapidement quelques mouvements de gymnastique, afin de se détendre, car l'échauffement était le plus sûr moyen de lutter contre la fatigue des muscles, la perpétuelle voyageuse en savait quelque chose, elle observa le magnifique paysage qu'elle pouvait apercevoir par la grande fenêtre de la pièce. De la verdure et des forêts à perte de vue, sous un soleil encore doux qui jetait des reflets brillants sur tout le pays.

Décidant de faire un brin de toilette, la jeune fille découvrit une jolie vasque sculptée posée sur une table de nuit en bois ouvragé, aux motifs représentant une scène de danse champêtre, ce qu'affectionnait la ménestrelle. Lavant ses mains et son visage dans l'eau parfumée, elle finit par se déshabiller complètement. Lorsqu'elle eut finit sa toilette, elle se retourna, pour constater avec surprise que ses vêtements trop usés et sales avaient disparu, laissant la place à une magnifique tenue très originale, soigneusement étalée sur le lit.

Profitant de la présence d'un grand miroir ovale dans lequel elle pouvait se voir en pieds, la ménestrelle s'examina de haut en bas dans sa nouvelle tenue. Celle-ci était composée d'un haut croisé, laissant voir son ventre plat, musclé par l'exercice quotidien, et d'un pantalon large, laissant une grande liberté de mouvement, le tout coupé dans un tissus fluide et satiné, proposant un dégradé de bleux, aux tons joliement assortis aux yeux clairs de Zofia. Après s'être examinée un instant, avec un émerveillement de petite fille, l'invitée de Ceganion ouvrit, par curiosité, le tiroir de la table de nuit.

Y trouvant du maquillage, elle le prit et l'examina avec des manière de gamine curieuse, et s'approcha lentement de la glace...

Après quelques minutes d'hésitations et d'efforts, car elle n'était pas habituée à pareille façon de se préparer, la ménestrelle poussa un cri de surprise en observant son reflet. Elle était métamorphosée. Un ourlet de noir sur ses cils et un léger rouge à lèvre avaient suffit à réhausser l'habituelle teinte rose de ses joues, la jolie forme de sa bouche, et enfin son magnifique regard, ses principaux atouts, en fait, car les formes de son corps adolescent étaient celles de n'importe quelle demoiselle. Le château, attentionné, semblait avoir "compris" ce qu'il fallait à la petite fille des rues pour devenir une jolie jeune femme séduisante.

*Voilà que tu donne des sentiments à un bâtiment... Il est magique, d'accord, mais inutile de le personnifier*

Se décidant enfin à sortir, après un dernier regard à son miroir, elle tenta de se repérer dans le dédale de couloir. Comme elle ne connaissait pas le trajet qui menait de sa chambre à la salle à manger dans laquelle ils avaient dîné la veille, elle mit un peu de temps avant de la retrouver. Quand enfin elle réussit à y entrer, Ceganion y était déja.

"Bonjour! fit-elle d'un ton joyeux en lui adressant un grand sourire. Avez-vous bien dormi?"

Elle-même se sentait parfaitement reposée, et apte à entreprendre des projets pour sa journée. Pour l'instant, elle se contenta de demander à la table magique un grand verre d'eau. Obtenant une carafe de jus de fruit, elle ne fit pas la fine bouche, et en profita pour se désaltérer, appréciant le goùt d'une boisson qu'elle n'avait pas souvent l'occasion de savourer.

(je me permets de m'amuser un peu... si tu y vois un inconvénient, j'éditerais)

Ceganion entendit quelqu'un marcher dans le couloir. Finalement Zofia rentra dans la salle. Celle-ci avait l'air reposée. Il savait que celle-ci allait repartir dans peu de temps pour aller il ne savait où. Il remarquait qu'elle avait l'air de trouver agréable toutes les caractéristiques magiques de sa grande demeure. Il regarda la table d'un air bizarre lorsque celle-ci lui posa une question. Il ne dormait presque jamais parce que dans un sens sa vie était un chaos.

-Je n'ai pas dormi, je ne dors jamais sauf dans certaines situations.

Remarquant l'air étrange que prenait son hôte à sa question, Zofia s'arrêta net de manger.

*Qu'ai-je encore dit comme idiotie? Décidément, j'accumule les gaffes, en ce moment...*

"Vous... ne dormez jamais..."

Elle avait répété cette phrase avec difficulté, tant elle était interloquée. Comment était-ce possible? Cet homme devait posséder des pouvoirs magiques, il ne pouvait être un simple humain...! Tout être vivant normalement constitué avait besoin d 'un temps minimum de sommeil pour vivre!

Oubliant sa surprise pour ne pas gêner celui qui l'avait si gentiment hébergée, elle éclata de son rire clair, plein de fraîcheur et de naturel, qui se répercuta dans toute la pièce:

"C'est une faculté très étrange, mais pour une voyageuse comme moi, celà pourait être utile! Imaginez la difficulté, lorsqu'on n'a pas un sou vaillant pour trouver un coin où faire la sieste! Ne pas dormir m'aurait évité bien des ennuis!"

Essayant de tourner sa bêtise en situation humoristique, la petite finit le plus rapidement possible de manger. Pas qu'elle soit impatiente de reprendre la route, au contraire, elle aurait tout donné pour demeurer encore quelques jours dans cette grande maison si attrayante, mais elle se disait que Ceganion préférait peut-être rester seul, puisque c'était ce qu'il lui disait la veille au soir, pendant le repas.

"Je ne vais pas vous encombrer plus longtemps. Je ne voudrais pas profiter gratuitement de l'hospitalité que vous avez eu la gentillesse de m'offrir..."

Cependant, la gamine savait pertinemment qu'après avoir goùté à tant de luxe et de confort, elle se réhabituerait difficilement, et avec beaucoup de regrets, à la vie de vagabondage qu'elle adoptait depuis trois ans.

*Arrête tes bêtises, Zofia, il ne voudra jamais te garder avec lui... D'après ce qu'il t'a expliqué, c'est un solitaire... Que ferait-il d'une petite ménestrelle comme toi? Tu n'es même pas de sa famille, et encore moins de son rang... Il n'a aucune raison de te demander de rester, tu as même plutôt intérêt à débarrasser le plancher vite fait avant qu'il ne te flanque lui-même à la porte!*

La jeune fille se leva. On pouvait clairement lire dans son regard la difficulté qu'elle avait à prendre de congé de Ceganion, et le regret qu'elle éprouvait de quitter un château dans lequel elle venait d'être si bien accueillie, malgré tous les efforts qu'elle faisait pour conserver un visage neutre. Ne sachant pas vraiment quoi dire pour faire ses adieux à son hôte, elle sentit, comme à l'accoutumé, la rougeur colorer ses joues ambrées.